Apprendre les TCC

Découvrir les Thérapies Comportementales, Cognitives et Emotionnelles

L'Analyse fonctionnelle en TCC

Principe de base

La "conceptualisation de cas" consiste à étudier les comportements-problèmes de la personne afin de construire des hypothèses thérapeutiques adaptées. La conceptualisation de cas cherche à avoir une vision globale du patient. L'analyse fonctionnelle, elle, va cibler des situations particulières actuelles dont la compréhension va étayer la conceptualisation globale du cas.

L’analyse fonctionnelle correspond à un modèle interactif qui relie le comportement problème aux cognitions et aux émotions du patient dans une situation donnée avec ses antécédents d’une part et ses conséquences d’autre part. Il y a toujours une interaction réciproque entre les émotions, les comportements et les cognitions (cf modèle interactionnel). Appréhender le lien entre comportement et pensée est rendu complexe par cette fluidité, cela demande une grande rigueur.

On va donc identifier les variables explicatives (les variables indépendantes/causales, variables médiatrices et variables modératrices) impliquées dans les comportements problématiques (variables dépendantes) d’un individu, d’un couple, ou d’une famille dans son contexte de vie, actuel et passé (cf. Virues Ortega & Haynes, 2005).
 
L'analyse fonctionnelle permet de définir et de comprendre le fonctionnement singulier d’une personne et ainsi de personnaliser la thérapie.

C'est grâce à cette conceptualisation de cas que l'on va se distinguer de l'approche catégorielle (1 pathologie = 1 traitement unique) pour au contraire faire du sur-mesure.

L’analyse fonctionnelle s’inscrit dans le cycle empirique appliqué à la démarche thérapeutique en TCC :
  • Identification des plaintes formulées par le patient.
  • Recueil des données par observation directe et/ou par la personne elle-même (on va créer des grilles d’observation) permettant au passage d’établir une ligne de base en prenant en compte les connaissances actuelles, puis de faire une formulation d’hypothèses concernant l’origine et le maintien au fil du temps et dans le présent du trouble.
  • Prédiction sur les techniques à utiliser découlant directement de ces hypothèses, discutées avec le patient pour faire un choix de technique et de modalité d’application pour faire évoluer le comportement problème.
  • Mise en place du projet thérapeutique, application des techniques choisies. Si ce qu’on a mis en place n’a pas d’impact, on réajuste notre théorie et notre thérapeutique.
Durant cette étape le thérapeute et le patient vont explorer ensemble le problème dans sa dimension diachronique (histoire du problème) et dans sa dimension synchronique (ici et maintenant), comment le problème se maintient ou s’aggrave.

La diachronie

C’est-à-dire l’histoire du problème et du patient.

On va poser des questions sur le passé, jusqu’à l’enfance s’il le faut et on va essayer de comprendre comment le trouble est apparu. On va donc voir des récits narratifs quand le patient raconte juste sa vie (il ne fait pas liens entre son histoire et son trouble) qui sont différents des récits intégratifs, instrumentaux. Dans ces histoires, on va chercher des origines biologiques/génétiques de son trouble, ou bien une origine développementale, familiale, sociale ou culturelle.
 
Le patient agoraphobe se souvient très bien de quand il a paniqué la première fois hors de chez lui. D’autres troubles s’installent plus insidieusement : souffrance dépressive, trouble anxieux généralisé.

Souvent les troubles n’apparaissent pas à n’importe quelle période de la vie.
Ils apparaissent à des moments où nos stratégies de coping sont mises à mal.

Des moments de stress, d’épuisement, parfois de traumatisme.

On va essayer de voir comment la personne fonctionnait avant et quelles sont les caractéristiques de sa personnalité : pessimiste, optimiste, anxieux, insouciant, quelle est sa trajectoire, comment s’est passée sa scolarité, etc.
⇒ On va essayer de se construire une image de ce qu’est la personne.

Il y a une composante plus médicale : les antécédents familiaux, car il y a des facteurs de vulnérabilité génétique, mais aussi l’aspect apprentissage en termes de normes éducatives, de vision du monde, etc. Est-ce que le patient a déjà été hospitalisé, est sous traitement…

Tout cela a pu provoquer des vulnérabilités chez le patient et donner des facteurs prédisposants ou précipitants.

La diachronie donne une analyse plutôt qualitative puisqu’on va discuter avec les patients (fruit de l’entretien). C’est de l’analyse de discours lors des entretiens.

La synchronie

C’est la dimension du « ici et maintenant », comment un problème est déclenché et se maintient, au moment où le patient cherche de l’aide.

Ici l’analyse est plutôt quantitative puisqu’on va lui demander de répondre à des questionnaires, de tenir un agenda pour favoriser l’auto-observation concrète au quotidien car notre mémoire n’est pas fiable. Il va falloir déterminer le point de départ du trouble pour une meilleure objectivité dans les différences des résultats pré-traitement et post-traitement.

Dans le plupart des cas on va chercher à connaître pour chaque comportement problème :
  • sa fréquence
  • son intensité
  • sa durée
  • ses différentes formes d'expression
  • comment il se déclenche.
Ces mesures et information vont être utiles à plus d'un titre, elle vont d'une part nous aider à comprendre la dynamique du problème, les cercles vicieux qui les maintiennent, mais également de comparer le vécu subjectif du patient avec une mesure quantitative et de suivre l'évolution des deux au cours de la prise en charge via des mesures répétées.

En TCC, on va évaluer des comportements à problèmes, mais également des comportements qui n’en posent pas.
Ceux qui n’en posent pas indiquent les ressources du patient. Parfois des situations qui semblent très proches l’une de l’autre peuvent donner lieu à un comportement problème dans un cas et pas dans l’autre, cela nous donne des indications.
 
La personne fait un puzzle, comportement : elle se met à crier. On pourrait se dire qu’elle crie quand elle n’est pas bien et donc qu’il ne faut pas qu’elle fasse des puzzles. Or on n’aura peut-être pas pris en compte toutes les fois où elle a fait des puzzles et que cela se passe bien. Le facteur clé est donc peut-être ailleurs : ambiance bruyante, manque de pièces au puzzle, présence visible d’un tiers…

Si une TCC n’a pas d’analyse fonctionnelle approfondie, ce ne sera pas une TCC, mais l’idée que ses détracteurs s’en font : une technique appliquée sans réflexion à un symptôme. Les TCC ne sont pas une simple boîte à outil…
À partir de cette hypothèse fonctionnelle, le thérapeute propose un programme thérapeutique sur mesure.
Le traitement psychothérapeutique proposé en TCC découle donc de l'analyse fonctionnelle et non du simple diagnostic !

L'analyse fonctionnelle présente déjà des vertus thérapeutiques car elle permet à la personne de commencer à comprendre les mécanismes qui semblent déclencher et entretenir ses problèmes, cette étape de la prise en charge va donc être très utile à la psychoéducation.

Modèles d'analyse fonctionnelle

Pour faire une bonne analyse fonctionnelle on s'appuie en général sur des modèles ou grilles d'analyse fonctionnelle qui ont fait leur preuve.
 
Note : quelle que soit la grille, il faut qu’elle nous permette de répondre à la fois au côté synchronique et diachronique.
Cette dernière partie n’est pas toujours bien identifiée dans certains modèles.

Cours introductif sur la conceptualisation de cas et l'analyse fonctionnelle

Testez vos connaissances !

Sources

Les informations de cette page sont une synthèse inspirée notamment des sources suivantes :
  • Cours de licence de Psychologie (L2) de Mme Patricia Tassi, Université de Strasbourg, année 2014-2015.
  • Cours de licence de Psychologie (L3) de Mme Fanny Reder et Aurélie Fritsch, Université de Strasbourg, année 2015-2016.
  • Ouvrage de référence : "Les psychothérapies comportementales et cognitives", Jean Cottraux, Eds Elsevier-Masson
Etudiant responsable de cette page et synthèse : Matthieu FERRY

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