Apprendre les TCC

Découvrir les Thérapies Comportementales, Cognitives et Emotionnelles

Historique des TCC

Les précurseurs

L'antiquité :

On peut trouver des traces de thérapies comportementales dès l'antiquité, avec Hippocrate qui utilisait l’exposition pour traiter les phobies.

On trouve également des enseignement sur le contrôle volontaire des fonctions physiologiques notamment chez les yogis et au sein du bouddhisme, enseignement actuellement intégrés avec le développement de thérapies utilisant la méditation ou le biofeedback.

Les Lumières :

Au 18ᵉ siècle, à l'époque de la philosophie des Lumières où l'on espérait que la philosophie pouvait soigner la maladie mentale, le philosphe John Locke  décrivait l’exposition aux stimulus anxiogènes chez un enfant qui avait une phobie des grenouilles.

Sur l'aspect cognitif et de la modification des systèmes de croyance, on parlait historiquement de "conversion spirituelle" ou idéologique.

Au XIXème siècle :

  • La France a été pionnière au 19ᵉ dans traitement des patients psychotiques, notamment avec François Leuret à l’hôpital Bicêtre à Paris qui développe le “traitement moral de la folie”.
  • Jean Itard qui a travaillé avec Victor, "le sauvage de l’Aveyron" en utilisant une thérapie comportementale qui cependant échoue.
  • En 1873, Perroud a traité des cas d’agoraphobie par exposition graduée au stimulus anxiogène.
  • Sigmund Freud et Sandor Ferenczi se basaient sur les injonctions, les renforcements. Freud préconise l’exposition.
  • Pierre Janet (1847-1959) qui est le plus proche des méthodes actuelles, il développe des techniques d’exposition aux stimuli anxiogènes. Sur le plan cognitif il propose des méthodes de « désaccrochage » des pensées répétitives (raisonnements circulaires). Testé sur des patients dépressifs.

Les TCC de la 1ère vague : de Pavlov à Skinner (les béhavioristes)

Les travaux de la première vague ont permis de définir de nombreux concepts et mécanismes clés qui servent de fondement théoriques et pratiques aux TCC.
  • Pavlov et Skinner, mais pas utilisés dans le cadre de la clinique. Pavlov a été le 1ᵉʳ béhavioriste avant l’heure. Watson est à l’origine du terme béhavioriste (comportement humain à partir de l’apprentissage), il va critiquer le spiritualisme et pratiquer les premières expériences de conditionnement avec RAYNER.
  • Dans les années 50 : le béhaviorisme se développe en laboratoire, pas en cabinet. La clinique était dominée par le mentalisme.
  • Skinner introduit le conditionnement opérant (vs conditionnement classique de Pavlov).
  • 1952 Joseph WOLPE, travaille sur le chat. Par conditionnement classique : produit des névroses chez les chats. Bruit + choc électrique ⇒ développement des réactions anxieuses. Refus de s’alimenter. Et même lorsque les sons et chocs s’arrêtent, l’extinction de l’anxiété ne survient pas. Leur soumet de la nourriture excellente ⇒ va réapparaitre un comportement d’approche très progressivement. ⇒ c’est un contre-conditionnement = 1ère preuve clinique.
  • D’autres ont travaillé sur des traitements d’exposition : Hans EYSENCK, MARKS.

Les TCC de la 2ème vague : Bandura, Ellis, Beck (les cognitivistes)

Les cognitivistes : Albert BANDURA, Albert ELLIS, Aaron BECK.

L'intérêt pour l'approche cognitiviste se développent dans les années 1970 notamment grâce aux travaux d'Ellis et de Beck. Jusque dans les années 1990 on trouve une opposition parfois marquée entre les comportementalistes qui pensent que la cognition peut évoluer simplement suite à la mise en place de comportements adaptés et des cognitivistes qui sont persuadés que changer la cognition suffit à changer le comportement. Ces 2 approches complémentaires vont être réunies dans une apporche globale à partir des années 1990. De nombreuses études vont ensuite démontrer l'efficacité des TCC, à commencer par les domaines liés à l'anxiété.

Les TCC s'insérant dans l'approche de la médecine basée sur les preuves (Evidence Based Medecine ), elles vont devenir l'approche thérapeutique dominante aux Etats-Unis d'Amérique. 

Albert Bandura

Albert BanduraBandura est le père de l’apprentissage social, par imitation de modèles. Il met l’accent sur les relations entre l’homme et son milieu. Il insiste sur le rôle des phénomènes cognitif : auto-contrôle, évaluation dans la régulation des comportements humains.

Ses travaux ont influencé la théorisation des thérapies comportementales en faisant la jonction entre béhavioristes et cognitivistes.


 

Albert Ellis

Théorie rationnelle émotive : vient de la psychanalyse. La névrose est : un comportement stupide émanent d’une personne intelligente. Il y a pour Albert ELLIS une opposition entre raison et émotion.
Les humains ne sont pas perturbés par les choses,
mais par la façon dont ils les perçoivent.
Le problème provient de ce que les patients attendent des événements : attentes disproportionnées, croyances irrationnelles.
Il faut mettre en compétition les systèmes de croyance avec une démarche alternative : un dialogue socratique.
Le patient doit mettre le doigt lui-même sur les problèmes pour ensuite s’engager dans une restructuration cognitive.

Aaron BECK

Aaron T. BeckAaron BECK, en 59 commence à développer sa théorie cognitive, fait des études statistiques sur le profil des rêves sur les patients dépressifs. Tendances masochistes ⇒ vision grise et défaitiste du monde. Il compare par rapport aux sujets contrôle et son hypothèse psychanalytique est que leur contenu devait traduire une tendance hétéro-agressive retournée contre eux.
Il développe une théorie des cognitions conscientes et inconscientes.

Il met en avant des pensées automatiques et des dialogues internes chez le dépressif qui amènent et amplifient le phénomène. Il montre que travailler sur ces pensées automatiques dépressiogènes avec les patients peut les amener à les remettre en cause et à guérir.

Les TCC de la 3ème vague : Hayes ou la vague émotionnelle

Steven HAYES est le pionnier de cette 3ème vague, la vague dite émotionnelle.
Enfin, se développe un modèle qui tient compte de l’implication de l’émotion dans les méthodes de la démarche TCC. Le principe du renforcement se situe à l’interface de l’action et de son contexte. Pour modifier un comportement, il faut manipuler des variables contextuelles. Il développe différents axes.
Plusieurs sous-théories :
  • ACT : Acceptation and Commitment Therapy : accepter un état de fait (douleur, souffrance…), s’engager à le concevoir comme faisant partie de nous.
  • Théorie de la pleine conscience (Jon KABAT-ZIN, a suivi les enseignements bouddhistes). Dans les années 60 : Mindfulness Based Stress Reduction (MBSR, appliqué aux TCC donne MBCT : Mindfulness Based Cognitive Therapy).
  • Le Biofeedback : George Armitage MILLER en 69 publie les expériences sur l’animal montrant qu’on peut conditionner le système nerveux autonome. ⇒ Le Biofeedback. C’est la 1ère esquisse de l’investissement du champ psychosomatique par l’approche TCC.

Développement des TCC en France

Les TCC se sont développées en France à partir des années 1970.

Plusieurs associations en ont assuré la promotion, notamment :
  • l'AFTCC (Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive), fondée en 1972.
  • l'AFFORTHECC (Association Francophone de Formation et de recherche en TCC), fondée en 1994.
En savoir plus sur les associations dédiées aux Thérapies Cognitivo-Comportementales.

Jean Cottraux crée à Lyon le 1er Diplôme Universitaire de TCC en France,

Le rapport de l'inserm en 2004 sur les psychothérapies intitulé «Psychothérapie : Trois approches évaluées» (rapport. Paris : Les éditions Inserm, 2004, XII- 553 p. - Expertise collective) a consacré les TCC comme méthode de référence pour le traitement de nombreuses pathologies.

Aujourd'hui les TCC constituent un courant majeur de psychothérapie, son succès est dû en grande parties aux études contrôlées qui mesurent et démontrent son efficacité de façon scientifique.

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