En quelques mots...
Ce qui peut résumer la conduite anorexique, c’est le fait de refuser l’alimentation, alors même que l’on meurt de faim (anorexie mentale), et de refuser la prise de poids alors même que le corps est amaigri (anorexie mentale et anorexie associée à des crises boulimiques). Pour éviter la prise de poids, la personne anorexique peut avoir recours à une hyperactivité physique, et/ou à des vomissements, et/ou à une utilisation de laxatifs à outrance et à un contrôle obsessionnel du poids. Ces obsessions vont finir par gouverner toute sa vie, lier estime de soi et maîtrise du poids et créer une dépendance au manque, au « rien ».Source : HAS - AFDAS-TCA.
Les conséquences physiologiques (risques d’ostéoporose, risques cardiaques accrus, possibles troubles de la fertilité, etc.), psychologiques (hyperémotivité, anxiété, aggravation du manque d’estime de soi, risque de dépression, etc.) et sociales (isolement, repli sur soi) sont sérieuses.
Prévalence
L’anorexie mentale se déclare souvent pendant la puberté. Cette période correspond au moment où la sexualisation se développe et où l'image de son corps change et devient un enjeu social. La plupart du temps ce trouble débute par un "régime" qui va amener une dénutrition. Chez d'autres personnes, des évènements vécus comme traumatisants signent le démarrage du trouble.On estime qu'environ 40 000 adolescents (12-19 ans) souffriraient d'anorexie en France. Les pics de détection du trouble sont 13-14 ans et 17-18 ans.
Ce trouble affecte toutes les catégories sociales, pas uniquement les plus aisées. Il y a des professions à risque du part le contrôle souvent requis sur le poids : mannequins, danseurs et sportifs...
Concepts
L'Indice de Masse Corporelle (IMC)
L’IMC est égal au poids en kilos divisé par la taille en mètre, multipliée par elle-même, soit la formule suivante : IMC = Poids / (Taille x Taille).L'IMC ne doit pas être le seul élément d'appréciation de la maigreur de la personne, il est important de prendre également en compte la corpulence des gens de sa famille son historique de poids.
La sélection
La personne va très souvent opérer une sélection d'aliments "autorisés", car jugés peu caloriques et avoir de nombreux aliments interdits car estimés "faisant grossir".La restriction
La diminution des apports alimentaires peut se faire soit par diminution des quantités à chaque repas, soit par le saut de certains repas (notamment le petit-déjeuner ou le déjeuner), parfois pour "compenser" des repas "normaux" en compagnie d'autres personnes pour ne pas éveiller des questions.L'eau et les risques de potomanie
Boire beaucoup d'eau avant le repas est une stratégie souvent utilisée pour créer une fausse impression de satiété (volume/pression dans l'estomac). L'eau peut être combinée à des diurétiques pour évacuer rapidement le liquide et son poids. Une dépendance à la consommation d'eau peut s'installer et conduire à une potomanie.Comportements fréquents à table
Pour contrôler l'impulsion de manger, souvent la personne mange lentement, coupe les aliments en petits bouts, et mâche longuement.Corps cétoniques et effet psychotonique de l'amaigrissement
Lorsque la personne souffrant d'anorexie réduit ses apports en lipides et glucos, le corps va puiser dans sa propre réserve de lipides et produire des corps cétoniques qui vont avoir un effet psychotonique ; ils vont augmenter l'envie d'être actif et diminuer la sensation de fatigue. Cela produit ainsi un double renforcement aux comportements restrictifs.Diagnostic
Selon le DSM 5
A. Restriction des apports énergétiques par rapport aux besoins conduisant à un poids significativement bas compte tenu de l’âge, du sexe, du stade de développement et de la santé physique. Est considéré comme significativement bas un poids inférieur à la norme minimale ou, pour les enfants et les adolescents, inférieur au poids minimal attendu.B. Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, ou comportement persistant interférant avec la prise de poids, alors que le poids est significativement bas.
C. Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi, ou manque de reconnaissance persistant de la gravité de la maigreur actuelle.
Types :
- Type restrictif : Pendant les 3 derniers mois, la personne n’a pas présenté d’accès récurrents d’hyperphagie (crises de gloutonnerie) ni recouru à des vomissements provoqués ou à des comportements purgatifs (c.-à-d. laxatifs, diurétiques, lavements). Ce sous-type décrit des situations où la perte de poids est essentiellement obtenue par le régime, le jeûne et/ou l’exercice physique excessif.
- Type accès hyperphagiques/purgatif : Pendant les 3 derniers mois, la personne a présenté des accès récurrents de gloutonnerie et/ou a recouru à des vomissements provoqués ou à des comportements purgatifs (c.-à-d. laxatifs, diurétiques, lavements).
Le seuil de sévérité, chez les adultes, est établi à partir de l’indice de masse corporelle (IMC) actuel ou, pour les enfants et les adolescents, à partir du percentile de l’IMC. Les degrés ci-dessous sont dérivés des catégories de maigreur de l’OMS pour les adultes ; pour les enfants et les adolescents, il faut utiliser les percentiles de l’IMC. Le degré de sévérité peut être majoré afin de refléter les symptômes cliniques, le degré d’incapacité fonctionnelle et la nécessité de prise en charge.
- Léger : IMC ≥ 17 kg/m²
- Moyen : IMC 16-16,99 kg/m²
- Grave : IMC 15-15,99 kg/m²
- Extrême : IMC < 15 kg/m²
Symptômes fréquents
- Digestion pénible et souvent douloureuse, constipation, ballonements.
- Ralentissement du rythme cardiaque (économie d'énergie).
- Abaissement de la température du corps, causant frilosité et apparition d'un duvet, le lanugo.
- Réduction du volume du cerveau (manque de lipides).
- Les os deviennent plus facilement friables (manque de calcium).
Prise en charge
Section en cours de rédaction, merci de votre compréhension...
Profil cognitif
Les personnes souffrant d'anorexie ont un profil neurocognitif montrant notamment un déficit de flexibilité cognitive, ainsi que des difficultés à voir la situation d'ensemble plutôt que des détails. Concrètement, ces caractéristiques entraînent des difficultés dans la résolution de problèmes. C'est difficultés spécifiques peuvent faire l'objet de remédiation cognitive.Leur QI serait en général supérieur à la moyenne.
Ces patients ont un degré élevé d’intolérance à l’incertitude. Pour se rassurer, ils vont souvent organiser au maximum leur existence pour essayer de garder le contrôle en toute circonstance.
Vocabulaire en lien avec cette pathologie
- Amaigrissement
- Aménorrhée
- Auto-objectivation
- Carnet alimentaire
- Contrat de contingence
- Contrat de poids
- Contrôle de l’acte alimentaire
- Déni de la maigreur
- Dénutrition
- Distorsion de l'image corporelle
- Effets psychotoniques de l’amaigrissement
- Fusion pensée-forme
- Hyperactivité
- Lanugo
- Maîtrise des besoins physiologiques
- Microtraumatismes
- Pensée dichotomique
- Perfectionnisme
- Personnalité obsessionnelle-compulsive, évitante ou dépendante
- Peur de grossir
- Phobie alimentaire
- Préoccupation/insatisfaction corporelle
- Régimes
- Répétition des pesées
- Restriction alimentaire
- Restriction cognitive
- Ritualisation
- Sensations alimentaires
- Set-Point
- Tâche de Stroop modifiée (présentation de mots en lien avec l’alimentation)
- Trouble de l’image corporelle / trouble dysmorphique
- Trouble de l’identification des sensations et des émotions
Associations
- L'AFDAS TCA est une association qui regroupe des spécialistes du dépistage, du diagnostic, de la prise en charge, du traitement et de la recherche sur les troubles du comportement alimentaire, ainsi que des représentants des fédérations et associations de familles et d'usagers.
- Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids
- Association autrement
Sources consultées
Les informations de cette page sont une synthèse inspirée notamment des sources suivantes :- Shankland, R. (2016). Les troubles du comportement alimentaire - Prévention et accompagnement thérapeutique. Paris: Dunod.
- American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). Washington, DC: Author.