En quelques mots...
Le TAG est caractérisé par la présence d’inquiétudes
et d’anxiété excessives et chroniques.
et d’anxiété excessives et chroniques.
Le souci est le symptôme central du TAG :
Souci : "État de l'esprit qui est absorbé par un objet et que cette préoccupation inquiète ou trouble jusqu'à la souffrance morale." (Le Petit Robert).
Le souci et les comportements associés procurent une illusion de contrôle sur l'environnement et ses dangers supposés. On trouve en général chez elles de nombreuses croyances et pensées positives concernant le souci :
Si je ne m'étais pas inquiétée, il aurait pu lui arriver un malheur.
Les inquiétudes sont définies comme une « tentative de s’engager dans la résolution mentale de problèmes dont l’issue est incertaine mais qui contiennent la possibilité d’une ou de plusieurs issues négatives » (Borkovec, Robinson, Pruzinsky & Depree, 1983).
L'intolérance à l'incertitude est un élément clé chez les personnes souffrant de TAG.
Intolérance à l’incertitude : tendance excessive de l’individu à considérer comme inacceptable la possibilité, si minime soit elle, qu’un évènement négatif incertain survienne.
Temps moyen quotidien passé à se faire du souci (auto-observation sur deux semaines) :
- Patients non-TAG : 55 minutes par jour.
- Patients TAG : 310 minutes par jour.
Types de soucis
- Soucis de type 1 : concerne un problème réel, actuel ou déjà vécu, et l'anticipation de ses conséquences négatives.
- Soucis de type 2 : Il n'existe pas de problème réel. Il s'agit de conséquences négatives envisagées, qui ont une probabilité très faible de se produire, telles que la fin du monde, l'avenir des enfants pour les parents (sans élément rationel le justifiant).
Prévalence
La prévalence vie entière serait de 6% dans la population générale.Prévalence dans la population générale sur 12 mois :
- 1,5 % population générale
- 2 % femmes
- 1 % hommes
Evolution
Le TAG se déclare en général au début de l'adolescence ou de l'âge adulte, il s'installe en général lentement et progressivement.Souvent on repère une tendance à se faire du souci déjà présente dans l'enfance.
Le TAG s'avère encore plus stable que les autres troubles anxieux, il y aurait 25% de rémissions spontanées.
Etat de la prise en charge
A ce jour on estime que seulement la moitié des patients consulteront pour un traitement (habituellement plus de 10 ans après l’apparition des symptômes).Sur ceux qui recherchent un traitement, plus de 50 % ne font l’objet d’aucun diagnostic car leur condition est masquée par des symptômes somatiques et/ou la comorbidité. De plus le trouble est égo-syntonique, c'est-à-dire que les pensées du patient (inquiétudes et ruminations pathologiques) sont conformes à ses valeurs (par exemple, je m’inquiète pour mon fils parce que je l’aime), ce qui engendre peu de demande directe.
Comorbidité
56 % des patients ayant un TAG ont au moins un autre trouble anxieux.
59% des patients TAG développent un état dépressif majeur dans l'année.
59% des patients TAG développent un état dépressif majeur dans l'année.
Pathologie associée | % comorbidité sur 12 mois |
---|---|
Dépression majeure | 59 % |
Dysthymie | 36 % |
Phobie spécifique | 29 % |
Trouble anxiété sociale | 29 % |
Trouble panique | 21,5 % |
Agoraphobie | 11 % |
TOC | 10 % |
Trouble somatoforme | 48 % |
Dépendance à la nicotine | 14 % |
Abus/dépendance alcool | 6,4 % |
Conséquences
A long terme le TAG est associé à la dépression, au cancer, au diabète et au risque de développer un trouble cardio-vasculaire.De point de vue social : augmentation du nombre de consultations médicales et des frais associés, augmentation des absences au travail ou à l'école.
Diagnostic
Souci normal / souci pathologique
Souci normal | Souci pathologique |
---|---|
Le souci est occasionnel | L'anxiété est constante |
L'entourage comprend le souci | L'entourage trouve le souci excessif |
Manisfestation somatiques discrètes | Manifestations somatiques importantes |
Le souci est contrôlable | Le souci est incontrôlable |
Le souci est mobilisant et aide à la recherche et mise en oeuvre de solutions | Le souci est paralysant |
Symptomatologie
Symptôme | % |
---|---|
Fatigue | 78 % |
Manque de concentration | 74 % |
Irritabilité | 74 % |
Insomnie | 73 % |
Myalgies | 59 % |
Palpitations | 58 % |
Tremblements | 50 % |
Mains moites | 49 % |
Vertiges | 43 % |
Frissons | 41 % |
Diagnostic différentiel
TAG ou phobie sociale ?
Si les inquiétudes concernent exclusivement les situations sociales, le diagnostic sera celui de Trouble Anxiété Sociale.Un TAG touche plusieurs domaines de vie. S'il y a de nombreux évitements de situations sociales, le TAS peut être un diagnostic additionnel.
TAG ou TOC ?
S'il y a des compulsions présentes et marquées, il s'agit d'un TOC, toutefois 15 à 20 % des patients atteints de TOC ne rapportent pas de compulsion manifeste.Les obsessions, tout comme les inquiétudes, sont des formes d'intrusion cognitive.
Inquiétude | Obsession |
---|---|
Un scénario changeant | Image relativement fixe |
Ego-syntone | Ego-dystone |
Croyance : la pensée évite l'événement redouté | Croyance : la pensée provoquera l'événement |
La durée est élevée | Courte durée (quelques minutes) |
Déclencheurs multiples et variables | Déclencheurs identifiables |
Anxiété modérée | Anxiété forte |
La pensée n'empêche pas de fonctionner | La pensée empêche toute autre activité |
TAG ou hypocondrie ?
Inquiétude | Hypochondrie |
---|---|
Plusieurs thèmes, incluant la santé | Thème limité à la santé |
Inquiétude de développer une maladie sérieuse | Conviction d'avoir déjà une maladie grave |
Les consultations médicales permettent de rassurer | Les consultations ne sont pas rassurantes |
Modèles de la pathologie
Influence des facteurs environnementaux
- Le fait de vivre un ou plusieurs événements négatifs jugés importants et inattendus augmente considérablement la probabilité de manifester un TAG.
- La majorité des patients souffrant de TAG ont vécu des événements de vie traumatisants.
- L'accumulation des responsabilités, la naissance des enfants, les difficultés au travail, les problèmes de santé sont les plus fortement associés à l'apparition du trouble.
- Les patients TAG rapportent plus de problèmes familiaux au cours de l'enfance.
- Les patients TAG rapportent plus fréquemment avoir subi un renversement des rôles parent/enfant au cours de l'enfance.
- Les tensions au sein du couple constituent de forts prédicteurs de rechute thérapeutique, et donc, de maintien du TAG.
Le principal point commun de ces différents modèles est :
l'évitement des expériences internes liées à la peur.
l'évitement des expériences internes liées à la peur.
Le modèle classique (Tallis, Eysenck, Barlow) :
Biais attentionnel : la littérature démontre clairement que les patients qui souffrent d’un TAG ont tendance à effectuer un traitement préférentiel de l’information à caractère menaçante.Certains auteurs proposent que le biais attentionnel n’est pas simplement une conséquence du trouble, mais qu’il jouerait un rôle important dans son apparition et son maintien.
Il y aurait également une perception exagérée des menaces et de leurs conséquences basée sur un schéma d'anxiété/vulnérabilité.
Le modèle de l'évitement par le souci
Inquiétude ou soucis : « un ensemble de pensées, d'images et de doutes qui s'enchaînent, qui portent sur des événements négatifs futurs et qui s'accompagnent d'anxiété ».
Les ruminations et les inquiétudes ont le même processus, mais les soucis sont tournés vers le futurs et les ruminations vers le passé.
Le modèle de l'évitement par le souci postule que, face à la peur, le sujet met en place une réponse cognitive « le souci » qui inhibe les conséquences aversives liées à la peur. Les soucis engendrent une activité mentale verbale qui va inhiber les images, les symptômes somatiques et l'activation émotionnelle des individus. Des recherches ont mis en évidence que le fait de se faire du souci diminuait l'état d'activation physiologique au repos et après une exposition à des stimuli anxiogènes.
Ainsi, en limitant la confrontation aux sensations somatiques et à l'expérience émotionnelle associées à la peur, le souci empêcherait que les processus d'habituation et d'extinction se mettent en place.
Le souci s'inscrit donc dans un processus de renforcement négatif ce qui explique pourquoi il va se maintenir. Le souci est également renforcé par les croyances positives que l'individu a à son sujet.
Le modèle basé sur l'acceptation (Acceptance-Based Model of Generalized Anxiety Disorder - ABM)
Les concepteurs de l'ABM suggèrent que les personnes avec TAG ont des réactions négatives à leurs propres expériences internes et sont motivées à essayer de les éviter, ce qu'ils font à la fois d'un point de vue comportemental et cognitif (avec un engagement répété dans le processus d'inquiétude).Les différents processus du cercle vicieux :
- Réagir négativement aux expériences internes (pensées, émotions, sensations) : cela implique des pensées négatives (jugement des réponses émotionnelles comme extrêmes ou non désirables) ou des méta-émotions (la peur de la peur) qui peut arriver quand une personne a une expérience interne. Ces individus éprouvent des difficultés à monitorer, accepter et interpréter les émotions.
- La fusion avec les expériences internes : c'est une croyance que ces réactions négatives transitoires aux expériences internes sont permanentes et définissent une caractéristique stable de la personne.
- L'évitement d'expériences : l'évitement actif et/ou l'évitement automatique des expériences internes perçues comme négatives ou menaçantes. Les exemples incluent l'inquiétude au sujet du futur ou de sujets mineurs pour éviter des préoccupations plus importantes.
- La restriction comportementale : c'est l'implication réduite dans des activités qui ont du sens pour l'individu (ex : passer du temps avec sa famille). Cette restriction se développe quand la personne évite déjà beaucoup ses expériences internes. Ils généralisent souvent cet évitement à d'autres activités qui ont du sens dans leur vie comme passer du temps avec leur famille. Une conséquence de la restriction peut être la réduction de l'attention au moment présent, ce qui limite leur conscience lors des moments importants et plaisants. En conséquence, cela augmente la détresse, ce qui déclenche plus d'expériences internes négatives, alimentant le cercle vicieux.
Le modèle de l'intolérance à l'incertitude (Intolerance of Uncertainty Model - IUM)
L'idée clé de ce modèle est que l'intolérance à l'incertitude est l'aspect le plus spécifique du TAG. Les études montre que plus on est tolérant, moins on se fait du souci.Synthèse et comparaison des différents modèles
Champ | Modèle | Synthèse |
---|---|---|
Intégratif | Modèle de l'évitement par le souci | Le souci est une stratégie qui permet d'éviter des stimuli davantage « chargés » émotionnellement. |
Cognitif | Modèle de l'intolérance à l'incertitude | Le souci permet d'éviter de composer avec l'incertitude. |
Cognitif | Modèle métacognitif | Les individus luttent contre le souci du souci. |
Emotionnel et comportemental | Modèle du dérèglement émotionnel | Le souci est une des stratégies inadaptées que la personne met en place pour gérer et éviter les émotions difficiles. |
Emotionnel et comportemental | Modèle de l'acceptation | Le souci est une des manières d'éviter le vécu expérientiel des sensations internes. |
Prise en charge
Section en cours d'élaboration...
Quelle que soit le modèle privilégié pour la prise en charge thérapeutique à l'issue de l'analyse fonctionnelle, on va retrouver les éléments suivants :
- Psychoéducation au sujet du trouble
- Pratique de l'auto-enregistrement
- Entraînement du patient à faire face à ses expériences émotionnelles internes
- Si le patient semble particulièrement en difficulté par rapport à l'incertitude, on va ajouter un travail cognitif pour lui permettre de modifier ses habitudes comportementales (casser les routines, développer la spontanéité).
- Si le patient semble particulièrement en difficulté par rapport à la régulation des émotions, on va développer avec lui des stratégies émotionnelles et comportementales.
- Restructuration cognitive (remise en question des pensées automatiques négatives et des scénarios catastrophes).
- Résolution de problèmes.
- Exposition en imagination aux scénarios redoutés.
- Exercices de tolérance à l'incertitude.
- Techniques de relaxation.
- Aide à la mise en place d'une hygiène de vie réduisant le stress et augmentant le bien-être.
Echelles
Hétéro-questionnaires
- Echelle d'anxiété de Hamilton
- Echelle de gravité de l'anxiété de Covi
- Diagramme FARD (Ferreri-Anxiety Rating Diagram)
Auto-questionnaires
Auto-questionnaires libres d'utilisation
Mis à disposition par le laboratoire des troubles d'anxiété de l'Université de l'Outaouais et des Laurentides.- Questionnaire sur l'inquiétude et l'anxiété - QIA
- Échelle d'intolérance à l'incertitude - ÉII
- Pourquoi s'inquiéter? (version II) - PSI-II
- Questionnaire d'attitude face aux problèmes - QAP
- Questionnaire d'évitement cognitif - QÉC
Vocabulaire en lien avec cette pathologie
- Égo-syntonique
- Évitement expérientiel
- Inquiètude
- Intolérance à l’incertitude
- Intrusion cognitive
- Restrictions comportementales
- Rumination
- Souci (anxieux)
Associations
Association française des troubles anxieux et de la dépression40, rue de Cheverus
33000 Bordeaux
Sources consultées
Les informations de cette page sont une synthèse inspirée notamment des sources suivantes :- Présentation du Dr Christophe André.
- Cours de Mme Juliette Bortmann, UE «Prise en Charge du TAG», Université de Strasbourg, Master 1 de TCC, année 2016-2017.
- Support de cours de Mme Aurélie Fritsch, UE «Prise en Charge du TAG», Université de Strasbourg, Master 1 de TCC, année 2016-2017.