Apprendre les TCC

Découvrir les Thérapies Comportementales, Cognitives et Emotionnelles

La restructuration cognitive

Introduction

Aaron Beck qui a développé les techniques de restructuration cognitive dans les années 70. A la base il était psychanalyste et proposait à ses patients la technique d’associations libres. Il trouvait qu’il y avait souvent discordance entre l’expression verbale et non verbale de ses patients. En les interrogeant, il se rend compte que les patients vivent des processus cognitifs en parallèle de ce qu’ils racontent. Les pensées, les images relèvent du champ du préconscient, elles sont présentes, mais elles ne deviennent conscientes que si l’on porte délibérément l’attention sur elles. Ce travail était le début d’un travail de restructuration cognitive.

Nos cognitions nous affectent

La psychologie scientifique a confirmé la validité de la célèbre phrase d’Épictète :
Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses,
mais les jugements qu’ils s’en font.

Formulée de façon plus moderne cela signifie que : ce n’est pas l’événement en soi qui est comme ci ou comme ça, mais c’est la représentation qu’on s’en fait.

Le traitement de l’information s’organise de la façon suivante : le stimulus est perçu par la mémoire sensorielle. Il se dirige vers la mémoire à court terme (MCT) et la mémoire à long terme (MLT) avant d’arriver dans le cerveau pour des applications diverses.
Il s'effectue dans ce processus un traitement de l’information : sélection, encodage, stockage puis récupération de l’information. C’est un processus à la fois actif et subjectif. Le traitement de plusieurs personnes face à un même stimulus va être différent selon la personnalité, le vécu, l’état émotionnel…

La cognition est donc cruciale car elle renvoie à des pensées et images mentales dont on est pas forcément conscient à moins de se concentrer sur elles, mais qui agissent malgré tout.

L'idée est donc de s’attaquer aux schémas cognitifs, aux croyances dysfonctionnelles pour tenter de les modifier ou les assouplir.
Attention de ne pas confondre avec la remédiation qui suppose qu’il y a un déficit cognitif à la base et qui n’est pas propre aux TCC (mais plutôt à la neuropsychologie).

On distingue 3 variables cognitives :

L'émotion au service de la cognition

Aaron Beck dit que l’émotion est la voie royale vers la cognition.
C’est souvent en interrogeant un patient sur l’émotion qu’on retrouve sa cognition.
 

Objectifs de la thérapie cognitive

Il faut prendre conscience du discours intérieur qui précède ou accompagne un comportement ou une émotion (= fruit du traitement de l’information). Il faut également réfléchir aux filtres et biais cognitifs (= remise en question des croyances).
Il y a une part d’erreur dans notre façon de voir et vivre les choses.

On doit pouvoir modifier ces pensées automatiques en trouvant des pensées alternatives qui permettront en conséquence une amélioration des émotions et des comportements (puisqu’il y a interaction constante entre pensées, émotions et comportements).

L’idée est d’assouplir la manière de réagir aux situations, du coup on va favoriser d’autres pensées et ainsi d’autres émotions et d’autres stratégies comportementales.

Fondamentalement, la restructuration cognitive ne vise pas tant à remplacer des pensées dysfonctionnelles par des plus adaptées, mais, d’un point de vue processus à :
acquérir la capacité à décentrer et se dissocier de ses pensées.

On peut distinguer 4 étapes dans la restructuration cognitive :

1/ Faire émerger les cognitions et pensées automatiques dysfonctionnelles

Tout d'abord, il est utile de se rappeler qu'une pensée dysfonctionnelle n'est pas une pensée "fausse", mais une pensée inadaptée dans l'environnement du patient, c'est donc une question de contexte.

Outre les colonnes de Beck que les patients ne remplissent malheureusement que rarement, l'outil principal reste le dialogue avec le patient.

En savoir plus sur les pensées automatiques.

2/ Discuter / discréditer la pensée dysfonctionnelle

Il est crucial que le patient comprenne que sa pensée ne fonctionne pas, parce que toute pensée dysfonctionnelle est totalitaire, c'est-à-dire qu'elle ne prend pas le contexte en compte, elle est automatique.
Une discussion à l'aide de questions permettant au patient de faire émerger des contre-exemples à la croyance du patient vont permettre de créer une brêche et d'instiller le doute.
Discussion avec une personne ayant un fort sentiment de supériorité comme cela peut notamment être la cas lors du trouble de la personnalité narcissique :
  • Vous pensez que vous êtes le meilleur et que les autres doivent vous admirer ? 
  • Oui, c'est normal !
  • Et les autres vous admirent ?
  • Non, ils ne sont pas assez intelligents pour s'en rendre compte.
  • N'arrivez-vous pas à leur montrer leur que vous êtes le meilleur ?
  • J'essaie mais ça ne marche pas.
  • Comment font les autres ?
  • Quels autres ?
  • Les vedettes que ces gens admirent, les Zidane, les Brad Pitt…
  • J'en sais rien.
  • Ils doivent bien avoir un truc ?
  • Hum..., ils savent manipuler.
  • Mais ils sont super efficaces ?
  • Bah oui.
  • Qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire ?
  • Des trucs pour manipuler les autres.
  • Vous connaissez ces trucs ?
  • Bah non.
  • Et eux en revanche les connaissent... ça voudrait donc dire…
  • Qu'ils sont meilleurs que moi.
  • Oui.
  • Mais pas dans tout.
  • Alors vous n'êtes pas le meilleur dans tout, même si vous vous défendez dans pas mal de choses ?
  • Oui.
  • C'est cette pensée que nous allons garder et travailler.
 
  • On peut également demander au patient d'évaluer ses expériences en faveur de sa croyance, puis de chercher des contre-exemples. Partir de situations concrètes en recontextualisant peut favoriser le rappel des souvenirs du patient.
  • On peut également demander au patient son degré de croyance à froid envers sa pensée et si elle n'est pas à 100% explorer avec lui pourquoi il n'y adhère pas totalement.
Les biais cognitifs du patients vont souvent venir interférer dans cette tâche, parfois également des traits de personnalités pathologiques vont également devenir visibles lors de cette étape.

3/ Trouver des pensées alternatives

Une fois la pensée dysfonctionnelle discréditée, il est utile de faire émerger pour le patient les bénéfices à être plus souple et lui élaborer avec lui des pensées alternatives plus adaptées aux différents contextes. Comme tout travail de construction d'alternatives, prendre en compte l'aspect motivationnel semble utile. 
Ces pensées alternatives peuvent être reportées dans les 5 colonnes de Beck puis (car cela ne suffit pas)...

4/ Faire en sorte que le patient utilise ces alternatives

C'est l'étape ultime sans laquelle le patient restera coincé dans ses routines... Il est très probable que, à nouveau en situation de stress dans son contexte quotidien, le patient voit émerger à nouveau sa pensée dysfonctionnelle habituelle. Pour que la pensée alternative puisse venir à son esprit et faire concurrence à sa pensée automatique, il peut être très utile de lier la pensée alternative à un comportement effectif qui arrive en même temps.
 
  • Quel est l'objet que vous voyez le plus dans la journée ?
  • Sûrement ma cigarette électronique.
  • Dessus nous allons graver : "je suis le meilleur mais je me soigne".
  • Pourquoi ?
  • Parce que comme ça, à chaque fois que le stress montera parce que cette idée fait surface, vous aurez envie de prendre une taffe et à chaque fois vous vous souviendrez que vouloir imposer que vous êtes le meilleur est inadapté.

Sources

Les informations de cette page sont une synthèse inspirée notamment des sources suivantes :
  • Les remarques de M. Stéphane Rusinek (merci !).
  • Cours de licence de Psychologie (L3) de Mme Fanny Reder et Aurélie Fritsch, Université de Strasbourg, année 2015-2016.
  • Cours de licence de Psychologie (L2) de Mme Patricia Tassi, Université de Strasbourg, année 2014-2015.
Etudiant responsable de cette page et synthèse : Matthieu FERRY

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