Apprendre les TCC

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Angeline Riegel - psychologue spécialisée en TCC et en neuropsychologie

Quelle est votre profession et où exercez-vous ?

Je suis psychologue spécialisée en TCC et en neuropsychologie. Je travaille dans un service d’addictologie dans une clinique hospitalière privée. Notre équipe est composée d’un infirmier, d’un médecin addictologue et d’une diététicienne. Nous proposons des consultations ambulatoires gratuites. Nous avons également la possibilité d’hospitaliser au sein de la clinique des patients pour un sevrage. Nous rencontrons des personnes souffrantes de toutes sortes de dépendances : alcool, tabac, cannabis, médicament, héroïne ou cocaïne pour la plupart, mais également troubles du comportement alimentaire ou jeux d’argent pathologique.

Quelle formation avez-vous suivie pour apprendre les TCC ?

Mon cursus professionnel a subi un petit virage puisque j’ai un master de psychologue spécialisée en neuropsychologie. J’ai eu des cours de TCC dans mon cursus, mais je ne me destinais pas à faire des entretiens « cliniques ». Lorsque j’ai obtenu mon premier poste en addictologie je me suis rendue compte que ces compétences cliniques me manquaient et j’ai choisi de me former aux TCC. Me considérant comme une scientifique, c’est l’approche en psychologie qui me paraissait répondre le plus à mes attentes. J’ai suivi une formation professionnelle en 3 ans via l’AFTCC qui m’a couté 4 500 euros et quelques week-end/jours de congés. La durée de la formation m’a paru essentielle (certaines formations se font en 1 an, mais sont plus chères), j’ai eu le temps entre chaque session de cours d’expérimenter, d’évoluer et de me poser des questions. Dès la deuxième année la formation comprenait des journées de supervision qui m’ont beaucoup aidées à apprendre à faire les bons choix thérapeutiques, à être plus à l’écoute de la demande du patient et surtout à être moins pressée de me lancer dans la thérapie sans avoir obtenu la complète adhérence du patient. J’ai également lu énormément d’ouvrages spécialisés dans cette période. Le partage avec mes compagnons de promo, tous issus du milieu « psy », et enthousiastes comme moi pour cette approche, a été très enrichissant et m’a permis de me créer un réseau de collègues TCC dans le Grand Est.

Qu’est-ce qui vous a motivée à apprendre les TCC ?

Comme je le disais c’est d’abord le côté scientifique qui m’a plu. Des protocoles structurés, des études validées et un cheminement « côte à côte » avec le patient. J’avoue que sur le marché du travail j’espérais également tirer une plus value de cette approche montante.

Est-ce que la pratique des TCC est conforme à l’idée que vous en aviez avant de vous former ?

Non, car la vraie vie et les vrais patients ne sont pas si simples ! Un protocole c’est une ligne de conduite mais j’ai toujours eu beaucoup de mal à ne pas m’en éloigner car votre patient rechute, où se fait quitter, où perd son travail et à chaque fois il faut s’adapter et rester empathique et chaleureux, on ne peut pas avancer comme des robots. Bien qu’aujourd’hui cela me paraisse évident, ça m’a perturbé au début car j’avais le sentiment « de ne pas faire juste » et que cette approche n’était au finale pas si carrée que l’idée que je m’en faisais. Mon cerveau me disait  « C’est trop difficile, je ne peux pas le faire. Pourquoi ça ne marche pas ? Ca parait si simple quand je lis le manuel. J’espère qu’il y a un thérapeute compétent pour me dire ce qu’il faut faire dans ce cas. Peut-être que je ne suis pas faite pour ce genre de travail. Je ferais mieux de diriger mes patients vers quelqu’un qui sait ce qu’il fait »… puis j’ai découvert les thérapies d’acceptation et d’engagement (ACT) et là j’ai eu le bout du puzzle qui me manquait et j’ai pu devenir la psychologue que je voulais être.

Quel est l’outil ou la technique de TCC qui vous semble la plus indispensable dans votre pratique quotidienne ?

Sans hésiter une seule seconde l’entretien motivationnel ! Dans mon domaine c’est la clef de l’accompagnement et elle m’a souvent aidé à débloquer des situations bien embrumées ! J’y raccroche le travail de l’alliance thérapeutique. En ce qui concerne l’évolution du patient l’exposition me semble la technique la plus efficace.

Factuellement, comment s’organisent vos relations avec les autres professionnels de santé et vos collègues « psy » ?

Les collègues médicaux (médecins et infirmiers) sont rassurés par cette approche et la terminologie utilisée qu’ils connaissent et comprennent. J’ai également toujours valorisé le partage d’information avec mes collègues (contrairement à d’autres psychologues, qui sous couvert du secret professionnel ne mettent aucunes notes dans les dossiers et ne disent rien en réunion d’équipe). J’aime le travail d’équipe et le partage des points de vue autour d’un patient, ça m’a toujours beaucoup fait avancer. En ce qui concerne mes collègues « psy », j’ai eu la chance de travailler avec des personnes ouvertes avec qui je partage la passion du comportement humain. Les relations ont toujours étaient très enrichissantes et les débats constructifs.

A quoi ressemble une de vos journées type au niveau professionnel ?

Des rendez-vous toute la matinée puis, fin de matinée, un temps de transmissions écrites dans les dossiers où je me note des pistes pour le prochain rendez-vous. Idem l’après-midi. Quand l’emploi du temps le permet je fais des recherches complémentaires pour certains cas plus complexes ou je me documente sur les nouveautés dans le domaine.

Y a-t-il un canal d’information privilégié que vous utilisez pour rester informé des progrès en TCC ?

Canal 2.0, je suis inscrite sur des groupes (AFTCC, ABCT) dont je vais visiter les pages internet régulièrement. Je suis également des groupes TCC et ACT via leur pages facebook qui relaient les nouveautés : articles, sortie de livre et conférences. J’achète régulièrement des ouvrages spécialisés.

Auriez-vous un conseil à donner à un étudiant qui démarre un cursus en TCC ?

Se donner les chances de pratiquer le plus tôt possible. On apprend les théories des TCC en cours et dans les livres, mais on apprend à être psychologue sur le terrain.

Auriez-vous un conseil à donner à un jeune diplômé en TCC ?

Ne pas se fermer de portes à cause d’a priori. Je me suis retrouvé à faire un entretien pour un poste en addictologie totalement par hasard sans imaginer que j’y rencontrerai ma passion.

Que pensez-vous de l'initiative de créer ce site internet ?

Que c’est courageux de mener ce projet (dont on ressent le travail derrière) en parallèle des études qui sont prenantes et stressantes. C’est un vrai acte d’altruisme au bénéfice de tous.

Cédric, étudiant québécois en M1 TCC à Strasbourg

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Cédric, je suis québécois et je suis venu en France poursuivre ma formation en psychologie.

Qu’est-ce qui vous a motivé(e) à apprendre les TCC ?

Je dois avouer que ce fut à la base un choix par élimination. Suite à mes 2 premières années de licence au Québec, j’ai été sensibilisé à différentes approches (TCC, Systémique, Humaniste…) et très peu à la psychodynamique. Arrivé en France, je n’avais pas encore « fait mon choix », mais j’ai vite réalisé que l’offre en formation initiale se limitait essentiellement à une formation en psychanalyse ou en TCC. Je m’y suis donc dirigé, tout en sachant que pour moi il n’y a pas de finalité à ma formation et que ce n’était que le début.

Quelle(s) formation(s) suivez-vous/avez-vous suivie(s) pour apprendre les TCC ? 

Je suis donc présentement en première année de master TCC à l’université de Strasbourg. La sélection est à l’entrée du M1, c’est donc une formation de 2 ans donnant accès au titre de Psychologue.

Suite à des congés maternité de deux professeures référentes assurant normalement de nombreuses heures de cours, nous avons eu droit à l’enseignement d’une grande diversité de psychologues cliniciens pour les remplacer. C’est pour moi le principal point fort que je sortirais de ma formation pour l’instant : cette grande variété d’enseignants ayant une pratique clinique, ceci nous permet d’avoir un clair aperçu des différentes réalités professionnelles (différents contextes institutionnels, difficultés spécifiques des différentes patientèles, conseils provenant de différentes expériences professionnelles, ...).

Pour moi, s'il devait y avoir un point faible à ce master, cela serait la difficulté de se former à la recherche pour le moment. Pour ceux qui sont davantage intéressés par la pratique c’est plutôt un point positif, l’approche étant plus centrée sur la clinique. En revanche, pour la recherche, il y a quelques lacunes à l’Université de Strasbourg cette année (en 2017 : pas de possibilité d’effectuer de mémoire recherche, ni de cours de statistique).

L’ambiance dans la promotion est vraiment agréable. Cette petite cohorte de 20 étudiants venant de partout en France ainsi que beaucoup d’internationaux, favorise énormément l’échange entre nous, ainsi qu’avec le corps enseignant. Cela permet de découvrir les différentes pratiques, les différents points de vue ainsi que différentes valeurs. Cette richesse culturelle est très formatrice ! De plus la taille de la cohorte facilite le regroupement en dehors des classes tissant une belle cohésion et ambiance entre nous.

Quelles autres formations comptez-vous suivre ensuite ?

Je me prépare pour l’instant pour un doctorat recherche sur la thérapie ACT. Mais à plus long terme, j’aimerais enrichir ma pratique par l’approche humaniste et peut-être d’une approche de psychologie positive.

Y a-t-il un stage que vous avez effectué et qui vous a particulièrement marqué ?

Chaque stage est une source précieuse d’informations. L’apprentissage qui me marque à chaque fois le plus est la découverte (ou redécouverte) d’un public. Parfois je crois connaître une patientèle, mais plus je passe de temps avec un certain public, plus je réalise que je ne le connais pas !

Il y a tellement de choses que j’ai découvert auxquelles je ne m’attendais pas, que le conseil que je peux vous donner, c’est d’essayer de faire le plus de stages possibles. De plus, je pense que plus longs ils étaient, plus riche j’en ressortais.

Auriez-vous un conseil à donner à un étudiant qui démarre un cursus en TCC ?

L’ouverture d’esprit ! Finalement, je suis heureux d’avoir choisi les TCC, parce que j’y trouve un modèle non exclusif. Je trouve qu’il prête à l’ouverture et à l’intégration d’autres pratiques. Je conseillerai donc de simplement se laisser aller dans ses passions du moment, y approfondir ses connaissances, lire, rencontrer des gens, échanger, pratiquer et conserver son esprit critique et scientifique.

Que pensez-vous de notre initiative de créer un site sur les TCC ?

Je trouve cette initiative formidable ! Je crois que c’est une très belle source d’informations autant pour les futurs étudiants, les étudiants actuels que pour les professionnels. Je souhaite que le site perdure et se développe davantage, ainsi que sa communauté.
 
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